Dimanche 13 août 2006 à 10:27

. Quand je lui caresse le dos.
. Quand je lui sers ses bouchées en sauce et qu'il me regarde de ses grands yeux félins.
. Quand il fait un peu froid et qu'il profite de ma station prolongée en position assise devant le XXXtube cathodique pour se cercler sur mes genoux en ronronnant ?
. Quand il est là, tout simplement.
. L'hiver dans la chambre peu chauffée, quand de son nez froid contre mon bras, il me XXXdemande avec douceur à se glisser sous ma couette, contre ma peau.
. Quand il trouve n'importe quoi d'imprévu pour en faire un jeu.
. Quand il rentre par la fenêtre avec le corps encore chaud d'un lézard dans la gueule et qu'il XXXne comprend pas pourquoi je le jette dans les toilettes son beau cadeau de grand chasseur.


Je passe des heures à essayer de le décoder.
Je m'absorbe totallement dans cette tache : découvrir ses pensées.
J'essaie, parce que j'aime mon chat, de comprendre ses sentiments !


XXXXXXXXXXXXXVous le voyez bien que c'est en vain, non ?



[En réalité, j'apprécie les sentiments qu'il fait naître en moi,
je les comprends, les ressens et je sais que sa présence me fait du bien.
Qu'ai-je besoin d'autre dans ma félicité ?]


Dimanche 13 août 2006 à 1:28

C'est quand le type s'élance qu'il fait un petit saut sur place. Ensuite, il court en grandes enjambées dans sa tenue de Cosmos 1999 mais avec des pubs et des autocollants dessus. Il accélère et il prend un air vraiment sérieux, serrant les dents et tirant sur les bras comme si l'air offrait des poignées à saisir. Pendant qu'il en est là, en arrière plan, tu vois un groupe de fille qui elles aussi courent mais en rond autour du stade. Elles vont beaucoup moins vite, c'est visible, mais comme elles sont plus nombreuses, peut-être qu'elles doivent faire plus attention. Et lui, il essaie encore d'accélerer mais il commence à relever la tête et à regarder devant lui. Et c'est là qu'il se rend compte : ils ont déplacé le bac à sable. Il y a la ligne là, le trait qu'il ne faut jamais dépasser mais le sable est beaucoup trop loin ! Tu sens qu'il hésite un peu. Il court toujours mais il y a comme un  léger ralentissement, ses pas se font légèrement plus courts. Quand il arrive à la marque, il pose son pied juste bien comme il faut, ni trop loin ni trop près. Il y a des hommes tout autour qui sont là juste pour vérifier qu'il ne dépasse pas cette ligne ! Un homme qui regarde et un autre qui lève le drapeau. Ils créent des emplois en Suède !!! Et l'autre, il s'élance dans les airs. Comme le sable est beaucoup plus loin, il fait exactement comme s'il sautait. Il est invité ici, il a été bien reçu, il ne veut vexer aucun de ses hôtes. Alors, pour que personne ne constate l'erreur des organisateurs, il prend un air normal de sportif et il  s.a.u.t.e pour retomber sur le premier pied en faisant des grands gestes avec les bras afin de détourner encore plus l'attention, puis il r.e.b.on.d.i.t sur l'autre pied en créant de nouvelles grimaces avec son visage en plein effort et enfin, il retombe dans le sable !
Et tout l'après-midi, ils ont fait ça ! Il n'y a pas eu un seul organisateur qui ait osé faire remarquer que ce serait quand même plus logique de rapprocher le bac à sable !

[J'ai entendu ça et ça rejoint ma vie personnelle :
«La polonaise a pris une perche trop dure, ça l'empêche de sauter»
Je me dis, tiens, bien fait pour elle !!!]

Vendredi 11 août 2006 à 15:57

L'amour en rose




La lumière où elle s'étend
Empêche l'écoulement de l'astre
Comme la peau des prunes
Peut contenir ma soif

L'été qu'en son regard
Elle porte
Tandis que dans leur nid
Ses yeux
Parmi les pétales de cils
Me lancent des nacelles

Ce qui émane de sa féminité
M'enrôle,
Exacerbe ma tectonique
Et libère mes nuages

Je quitte à pas feutrés mes autoroutes
Je délaisse mon train-train
La rectitude des essieux
Pour des chemins de traverse
Où s'écartelle un arc-en-ciel
Unijambiste

Frémissement des landes escarpées
Sa peau s'incurve à mes baisers
Je m'étends bien au delà de mes limites
La mécanique du désir se met en branle
Petit ressorts de mes anguilles
Au temps infini de ses bras

Calligraphie de l'épiderme
Où se rejoignent nos désirs
Pulpe des doigts
Chacun, chacune
Tandis qu'aux chambres secrètes
Soudain s'éveillent la multitude
De nos petites bêtes
Pour le départ des transhumances.

Humaine beauté des déesses
Délice à la surface des miroirs
Où mon souffle dévoile
Le lent parcours des régates
Je la navigue,
Je l'extrapole
............... La nudifie
Dans les reflux

Au rythme lent de ses marées
Je réinvente le ressac*
La mer saline qui se retire
Compose le chant du sable

Elle énumère un alphabet
Dans une autre langue que la mienne
J'apprends l'idiome des broussailles
A mon tour, je babille
Dans le plus simple appareil

Je murmure à son oreille
Le brouhaha du bout des plaines
Par où arrivent mes chevaux

Grand feu de nos cahiers
Incendie du langage
Tel qu'il fut
Abolition de la comptine
De toutes les comptines
Tant que le loup y sera
Permission de démolir
Les bâtiments qui nous connurent

J'invente l'architecture
Octogonale
Elle crée des nasses
Sensitives
Qu'elle tresse avec ses doigts
Surnuméraires

Ce qui émane de sa féminité
Qui me couronne d'acuité
Sur le pourtour des épines
Où je salive mon ouvrage

Elle me nomme dans la nuit
Oublieuse de son rang
Mon patronyme suscité
Elle le ponctue,
Le réitère a l'envi

Le tissu pourpre du plaisir
Où tout se fige
Eternellement
Suspend ses lèvres
Désunies.

Quelque chose au lointain
Mêlé aux brumes de chaleur
Se met en route
Du coin de l'oeil, on aperçoit
Parmi les feuilles et les ramures
L'âme d'un arbre en mouvement

Intime union des racines
La main aux doigts remplis de terre
Malaxe la lourde argile
Gorgée de vie
Plongée secrète de nos coeurs
Où rebondissent les échos
Gravés à même la pierre
Par les anciens energumènes

Ce qui émane de sa féminité
Est comme un dé lancé dans l'herbe
Et qui m'amène au mouvement
Involontaire de mes lucioles…

____________________________ ( ¨ )


*Variante : ”Je réinvente le ressac des filles“
Mais je ne suis pas très sûr de la valeur
phonétique de ce vers !!!

Jeudi 10 août 2006 à 11:01



XXXXXXXXXXXXXXXXXJe n'arrive pas à rire d'Auschwitz. J'ai visité le camp en décembre 2003 : moins quinze degrés, la neige et malgré l'amour extraordinaire qui brûlait en moi pour cette petite brune polonaise (oh j'ai même eu la faiblesse de me croire arrivé quelque part de doux, définitivement veux-je dire. Ce que je suis naïf, tout de même ! Salope !) (_vas-y, laisse tomber Auschwitz, parle-nous cet amour-là, plutôt !). Au milieu des allées sombres, dans chaque bâtiment d'une longueur incroyable et orné sur plusieurs hauteurs de l'enfilade infinie des portrait des déportés. Ils vous regardent. Avec leurs yeux de fantôme. L'impression de visiter des bâtiments où ils habitent encore. Où ils habiteront toujours. Les Nazis notaient tout. Chaque arrivée était répertoriée. Chaque juif avait sa fiche personnelle : photo, date et lieu de naissance, indentité des parents, études suivies ou métier exercé, puis, bien sûr, conditions d'arrestation. Des kilomètres de visages vous regardant. Des milliers de fiches exposés…
XXXXXXXXXXXXXXXXXÇa n'a rien d'un parc d'attraction, ça n'a rien de distrayant. L'entrée est gratuite. Au guichet, on vous demande juste de noter de où vous venez en échange du ticket d'entrée, juste pour les statistiques. Un peu plus loin, il y a une sorte de grande urne transparente (un peu comme celles qu'on trouve à l'aéroport de Francfort pour la collecte des dons aux associations caritatives) pour y déposer la somme que vous désirez. Pour le maintien du camp. Les polonais font ça très bien, essayant partout de garder les choses en l'état, sans vraiment de mise en scène. Vous croisez partout d'autres groupes et vous mesurez au poids de leur silence ou de leurs rires, à leur façon de marcher, s'ils viennent d'arriver ou s'ils ont déjà visité. J'avais vu moi aussi à la télévision les documentaires sur le sujet. Les petites histoires locales dans la grande Histoire du monde. J'avais lu Anne Franck et Primo Lévi, Le Livre Noir, tout ce qu'on a de témoignages. Les heures de recherches, d'interviews et d'enquête de Lanzmann dans "Shoah". Mais là, dans le camp lui-même, dans ces grandes pièces à peine chauffées, à peine éclairées, entourées des pierres de ces murs qui en furent les témoins : les tas de valises qui n'attendent plus personne, l'accumulation de lunettes sans regard, la mêlée des cheveux qui ne sont plus des coiffures, les cannes, les jambes de bois, les prothèses désormais sans fonction, la totalité des visages présents tout autour, la litanie des photographies sur les murs, l'identité, leur visage, le bâti des lieux de sommeil (rangées de lits étroits, si serrés, sur trois étages, on dormait ici sur de la paille, à trois par couche), ici, ce ne sont pas des informations. Ce ne sont pas des nouvelles, ce n'est pas de l'histoire.
XXXXXXXXXXXXXXXXXCe sont des humains sortis de l'humanité. Après tout, le reste est anecdotique. La simple volonté d'un groupe d'hommes d'en dominer puis d'en éliminer d'autres est suffisante (devrait être suffisante) pour en saisir l'horreur. Les conditions concrètes de l'exécution de leur mission nazie devrait être accessoire. Le principe même de division de l'humanité EST l'horreur. Unter-menschen. Désigner l'autre en tant qu'inférieur, l'assimiler à quelque chose d'autre, de non-humain (_Vas-y homme, attaque ce chien ordonna un jour un SS à son berger allemand face à un prisonnier), confortait les nazis dans leur sentiment de supériorité et leur permettait de se souder en tant que groupe. "Toi, tu as la chance d'être de race pure mais ceux-là menacent ta pureté. Peux-tu accepter encore longtemps d'être menacé ainsi ?". Le processus d'identification, l'inscription profonde de la nécessité de se prémunir des menaces désignées, le travail de sape de la propagande qui sème en chacun, qui imprime en chacun, ses pseudos convictions.
XXXXXXXXXXXXXXXXXJe n'arrive pas à rire d'Auschwitz, à cause de cela. Je ne comprend pas la démarche de Bénigni dans "la vie est belle". A mes yeux, la shoah ne peut pas être le simple décor d'un film. Je ne dis pas qu'il a tort, qu'il ne devrait pas le faire. A chacun son moyen d'expression. Je dis simplement que je ne peux pas le comprendre. A mes yeux, cela dépasse tout simplement le simple cadre du fait historique, cela touche à la limite de l'humanité. Pourrait-on imaginer de faire une comédie, un film à volonté comique sur l'histoire de deux blacks vendus par leur chef de tribu à un armateur blanc ou arabe au XVIème siècle ? Raconter de manière distrayante les chaînes, les cales du bâteau, les razzias, le commerce d'hommes par des hommes ? L'esclavage comme décor d'une comédie ? Je ne suis pas assez cynique, je crois, pour en rire…


XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
Cet article est ma réaction à l'article de Sinziana. Elle a raison bien sûr de délirer sur ce XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXsujet. Ça remet de l'humain dans tout ça, de la chair aux statues…

Citation : «Les héros que nous connaissons, de l'histoire ou des littératures, qu'ils aient crié l'amour, la solitude, l'angoisse de l'être ou du non-être, la vengeance, qu 'ils se soient dressés contre l'injustice, l'humiliation, nous ne croyons pas qu 'ils aient jamais été amenés à exprimer comme seule et dernière revendication, un sentiment ultime d'appartenance à l'espèce.
Dire que l'on se sentait alors contesté comme homme, comme membre de l'espèce, peut apparaître comme un sentiment rétrospectif, une explication après coup. C'est cela cependant qui fut le plus immédiatement et constamment sensible et vécu, et c'est cela d'ailleurs, exactement cela, qui fut voulu par les autres. La mise en question de la qualité d'homme provoque une revendication presque biologique d'appartenance à l'espèce humaine. Elle sert ensuite à méditer sur les limites de cette espèce, sur sa distance à la nature et sa relation avec elle, sur une certaine solitude de l'espèce donc, et pour finir, surtout à concevoir une vue claire de son unité indivisible.»
Robert Antelme, avant-propos à "L'espèce humaine", Gallimard, 1947.


[Petite note de fin : A partir de Robert Antelme dont la conclusion reste :
"n'excluons personne de l'humanité", je les vois bien les limites du libéralisme
dans la présence des SDF sous mes fenêtres. Ils sont aussi humain que moi…
Mais ça n'a rien à voir, n'est ce pas ?]


Bientôt, sur ce blog, un article sur l'amour, le merveilleux amour et ses douceurs. Un peu de sexe, peut-être ! Il est plus que temps !!! :-)

Jeudi 10 août 2006 à 0:04

Pour le plaisir, je vous offre l'excellent article
à propos de BHL publié par Acrimed
.

XXXXXXXXXXXX
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXBeau travail les gars ! Remarquez avec BHL, XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXc'est assez facile ! :-)))
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXM'enfin, ça fait plaisir les baudruches qui XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXéclatent ! Plop !
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX[Quoi Plop, c'est réservé ? Mais que nenni ! Je plop si je veux ! :-))))]

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