Mercredi 2 août 2006 à 10:07


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Le femme au cœur de glace est venue cette nuit.
J'ai choisi pour la ramener à mon domicile de marcher à travers bois, de contourner cette ville américaine où avait lieu je ne sais quelle festivité. Il y avait une hyène sur le chemin que j'ai chassée à coup de pierre. L'animal, heurté à la hanche, s'est soudain arrêté, plié en deux (son corps formait alors un U presque parfait !) et s'est mis à se lécher. Tout en plongeant son long museau grisâtre et denté, dont sortait une langue écœurante de rose, il émettait de petits cris plaintifs qui, entendus de loin, pouvait être pris pour le babil d'un bébé humain. Plus loin, quelques poules n'ont guère opposé de résistance.

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Quand nous nous sommes retrouvés
tous les deux au
sein de l'habitat et qu'il fut évident qu'elle désirait qu'arrivent des choses de l'ordre de l'intime, je ne savais pas si je devais pardonner les épisodes précédents, passer l'éponge et, en quelque sorte, repartir directement des derniers pointillés. Je me demandais surtout quel était le poids de ce pardon que j'édifiais pour moi-même et si j'aurais la force de le porter. Mon corps possède sa propre mémoire (les dépendances du château sont cachées par les arbres du parc, on y vit en toute discrétion) et il avait déjà retrouvé en lui-même la grâce hallucinée des ébats antérieurs. Je m'apprêtais à nouveau à jeter ma fierté avec l'eau du désir quand je me suis réveillé tremblant...

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OoOh comme il est étrange le sentiment
enfoui dans l'inconscient. Jusqu'où vont les racines des arbres auprès desquels on prend le frais ? La terre profonde qui les accueille, l'équilibre biologique qui s'y crée. L'écologie des sentiments, l'interaction des nématodes de la pensée…



>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>  [à suivre…]



Mercredi 2 août 2006 à 1:23

Elle : _Georges, auriez-vous une érection ?
Lui : _J'en suis navré…
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXX[Assume mon gars, t'es un homme !]


XXXXXJ'écris parce que des mots me tombent dessus je ne choisis pas vraiment. Je ne sais pas pourquoi ça m'est arrivé à moi. Mes parents lisaient peu ou alors rien de bien littéraire (le Reader digest !!! Quoique si ma soeur lisait un peu, elle !) Question parfaitement inutile ! Même si je parviens à le comprendre [ça m'étonnerait mais admettons], qu'est ce que ça changera ? Des mots continueront à me couler dans le crâne, c'est comme ça. Non pas que je me résigne ! Au contraire, j'essaie de plus en plus de laisser résonner tout cela, de ne pas être moi-même un obstacle à l'écriture (Dire que ma psy va lire ça, elle va sourire ! Je fais sourire ma psy, pas mal !!!). Je ne sais quel barrage j'avais installé depuis quelque temps (en années !!!), mais je pense bien que je suis en train de le faire céder.


XXXXXDe nouveaux, les mots me viennent Pas encore de manière permanente, mais déjà, de manière régulière. Je n'essaie pas de contrôler, OoOoh c'est difficile à mettre en mots cette sensation. N'imaginez pas un truc genre "je suis habité par un autre" !!! Vous regardez trop les série Z de la Six (et, ne citant aucun titre, chacun se demande si ce qu'il (elle) regarde est ringard !!! Reponse : OUI si tu en as honte !). Non, disons que je suis parfaitement moi, parfaitement conscient de ce que je tape sur cet écran mais les mots passent à peine par mon cerveau. Comme s'ils arrivaient directement de "je ne sais où" à mes doigts, sans passer par la pensée. Je tape cette phrase-ci et ma pensée ne sait pas encore ce que sera la suite. C'est très mystérieux, l'inspiration ? De où ça nous arrive ?


XXXXXXXXXXXXXX[Oh vive la vie à London !!! Des congés pas XXXXXXXXXXXXXXpayés !!! Et pourquoi pas aussi du travail avec tirage XXXXXXXXXXXXXXau sort du salaire ?

XXXXXXXXXXXXXXL'exploiteur : _dis un chiffre
XXXXXXXXXXXXXXLe prolétaire : _Euh, j'sais pas m'sieur, huit cents XXXXXXXXXXXXXXeuros ?
XXXXXXXXXXXXXXL'exploiteur :_Ah perdu fiston ! C'était 400 ! T'auras XXXXXXXXXXXXXXplus de chance le mois prochain
XXXXXXXXXXXXXXLe prolétaire : _Eh mais m'sieur, donnez mon salaire
XXXXXXXXXXXXXXL'exploiteur : _Ah nan, t'as perdu, t'as perdu ! Estime XXXXXXXXXXXXXXtoi heureux qu'on te garde ! Un malchanceux comme XXXXXXXXXXXXXXtoi, ça pourrait nous attirer des ennuis !!!) XXXXXXXXXXXXXX:-)))))

XXXXXXXXXXXXXXJe suis effrayé par l'idée que, peut-être, certains trouveraient ce système XXXXXXXXXXXXXXintéressant ! Eh ! Nos salaires, nous devons vivre avec ! On travaille POUR ça !!!

Mardi 1er août 2006 à 10:09

Avant hier soir, j'ai encore vu les enfants du voisin jeter des cailloux dans mon jardin. Je crains qu'un jour, ils ne blessent quelqu'un et puis par principe, je suis ici chez moi.
J'en ai parlé un peu avec mon père et il me conseille fortement de ne pas me laisser faire. Il dit que ça commence par quelques cailloux et que bientôt, ils me lanceront tout ce qu'ils peuvent et essaieront même par la suite, de venir jouer sur ma pelouse, avec mes balançoires, se baigner dans ma piscine et cueillir mes fruits.
Il dit aussi qu'il ne faut pas se sentir coupable d'avoir construit cette maison sur leur ancien terrain de jeu, ni d'être les seuls à avoir accès au contrôle de l'eau pour l'ensemble de la cité. Il me rappelle combien ma famille a souffert durant les dernières péripéties qui l'ont mené ici.
Hier soir, je suis donc allé sonner chez le père des enfants pour le prévenir que je ne pouvais plus tolérer cette situation. Il a été très poli mais, malgré mes arguments, a continué à dire qu'il ne s'agissait que d'enfants qui s'amusent. Il m'a complimenté sur la beauté et la grandeur de ma maison avec un sourire sincère…
Mais à peine étais-je sorti de chez lui, que de la rue, j'ai aperçu ses enfants avec des pierres à la main. Je me suis caché derrière un buisson pour les observer et j'ai vu combien ils étaient motivés pour atteindre le bassin où j'élève quelques poissons décoratifs.
Il faisait chaud, mon sang n'a fait qu'un tour.
Je suis allé dans le garage, j'ai cherché parmi la rangée de produits que j'avais en stock celui qui me convenait (mon père m'en fourni de manière régulière sans même que j'ai à m'en soucier !). J'ai pris quelques chiffons avec moi…

[…]

Depuis la terrasse où je prends le frais, je peux voir à présent les pompiers arriver pour éteindre tout ça, toutes sirènes hurlantes…
Je pense que cette fois, ils vont comprendre qu'il ne faut pas jeter de cailloux dans mon jardin…


[Rajout : cet article est une sorte de parabole sur Israel, le Liban, les Etat-Unis]


Mardi 1er août 2006 à 9:14

L'afghanistan, l'Irak, les préparatifs pour l'Iran, la délégation militaire israellienne (les armes d'Israël sont fournies par les américains), je trouve que pour les États-Unis, ça
empire…

[Et moi ? Je fais quoi ?
Je mate à la télé
des cadavres d'enfants
aux heures des repas.
Je me dis : quelqu'un doit
s'occuper de tout ça.
Je délègue ma citoyenneté !]


« Je supplie surtout mes amis de ne m'enrôler
ni en politique, ni en science, ni en religion,
ni dans aucun parti, secte ou école. Je suis
dans la liberté de mon faible jugement
et je ne hais rien tant que cette étroitesse d'esprit
et cette sécheresse d'âme qui nous empêchent
de travailler ensemble.
»
Frédéric Passy - Député français - Prix Nobel de la Paix 1901 (avec Henri Dunant)

Lundi 31 juillet 2006 à 12:12

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXLes filles c'est pas des Princesses comme elles disent. Ça, pas du tout. Ou alors, si ! Du genre : j'ai toute une cour à mes pieds, des milliers de serviteurs, des hommes sont prêts à tout pour me servir. Mon Château, mon Cheval, mon autre Château au soleil (dans les douves duquel nous aménageâmes de quoi nous rafraîchir les arpions et le reste), mes Bijoux, mes Forêts, mon Domaine…

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXLes filles c'est pas des Anges comme elles disent. Leurs ailes ne sont qu'imaginaires et ce n'est que rarement qu'elles atteignent les cimes. Ou alors, si on se met à le croire, ça ne peut-être qu'un plan, une stratégie d'avant le mariage. Quand elles nous font croire que tout ne sera que baigné de sueur et de fluides, que la vie continuera entre nous dans cette même agitation phéromonales. Que ce mouvement, que cette effervescence des sens qu'elles montrent, va s'étendre et se perpétuer pour des siècles et des siècles. A l'avenir, amène !

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXPlus tard, un dimanche, sur la terrasse, à l'ombre de la clématite, alors que se termine le Grand Repas Familial, alors que l'on commence déjà, parmi les hommes présents (les visages ont rougi, les chemises s'entrebaillent, les ventres poussent contre le tissu, les guêpes usent leurs dernières forces contre l'intérieur des bouteilles de plastique) à se demander à qui échouera la corvée d'aller ranger Mamie dans son institution ("ces jeunes filles sont si gentilles" dit-elle, puis me montrant celle-ci, rougeaude, le corps épais comme une bougie déjà fondue : "Françoise s'occupe très bien de ma toilette" et vous verrez ces doigts gourds, courts, lourds et devrez prendre sur vous pour ne pas laisser s'introduire des images).

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXTandis qu'elle sera occupée, merveille parmi les merveilles, à verser à chacun, d'un geste gracieux et serein, un peu de ce café noir et fumant. Un seul reflet dans ses cheveux a pour vous la beauté d'un coucher de soleil, la délicatesse silencieuse d'une aurore boréale. Alors que s'étend dans vos paysages intérieurs, le linge odorant de la félicité (OoOoh l'envahissant désir d'être arrivé à la fin du voyage, de prendre avec elle et dans ce bonheur, une halte illimitée). Alors qu'elle se penchera vers  icelui au visage de poisson. Il n'est pourtant qu'un convive parmi d'autres. Une porte s'est ouverte, une sirène vibrillonne à vos tympans. Au corps de batracien. A l'odeur de hyène. Alors qu'elle se penchera vers icelui, pour le servir, sa main à elle sur sa nuque à lui. Au cœur fétide. Au yeux frigides. Un regard de mare adipeuse, saumâtre. Alors qu'une partie de son épiderme à elle, de la structure sensible de son enveloppe corporelle entrera (restera) en contact avec cet autre corps.

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXElle lève les yeux. Alors que sa main toujours. Elle lève les yeux, me fait don d'une seconde de sa beauté de khôle, plein fard pour les petites étincelles. M'éblouir, m'aveugler. Mais le ver a déjà commencé son œuvre. Les galeries du doute. La saison des étais battra bientôt son plein. Je l'ai vu le petit geste, les doigts posés, les ongles nacrés, l'armée de ses phalanges en territoire colonisé. Il se glisse en moi une poignée d'insectes remuant. Ça ne peut que mordre. OoOoh la pile de ce linge aux odeurs de savon et de grand air où vous glissiez le bras. OoOoh cette masse larvaire et grouillante nourrie de votre propre bonheur. OoOoh les cachettes secrètes du mal, de la rouille, le recoin des moisissures discrètes. La poussière profonde des tapis, l'activité cachée des acariens, le dévouement des sarcoptes, les bactéries à l'œuvre dans les caves.

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXElle me regarde. Alors que sa main toujours. Mon cœur est atteint par la limite, la date de péremption. Le battement profond caché en mon torse n'est plus la bienfaisance. Nuages lourds, vents chauds, tempêtes, questions des dictionnaires. Tout m'envahit, me revient par le bas, tout me remonte, exigence des émétiques, des ipécas. Panne générale à signaler dans l'appareil. Atterrissage d'urgence en territoire ennemi. Je regarde alentours, les oncles, les cousins, la fausse et fière fratrie masculine. Sur la table gisent des restants d'aliments. Mes yeux cillent. Mes paupières s'enflamment lorsque je me lève (Troupeau des biches entrevu à la pénombre du sous-bois. Orée d'une promesse. Courbe élancée des croupes de crin dans l'élan du départ. Craquements des arbustes foudroyés dans l'éloignement inexorable). Je sens mon cou gonfler. Je sens mon bras comme une masse musculaire. Je ne suis plus ignifugé. Mes joues. Je sens la vibration atteindre ma main qui se ferme, je sens que je pourrais battre, égorger, tuer. J'en ai la force nécessaire. Elle me remonte de la nuit des temps. Fétu de paille, feuille de papier, miette inexistante. Je regarde alentours, sauf elle.

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXMon corps invente un mouvement. Rotation sur le pied gauche, le pas de la chorégraphie m'est inconnu. Le poids de mes membres inférieurs est immense. Je les déplace l'un après l'autre, posant celui-ci puis son inverse dans l'écho énorme des vibrations articulaires. Mouton tremblant, vache folle sur pattes maigres, échalas fragile enchâssé de pilotis. Un courant d'air pourrait abattre ce qu'il me reste de certitudes. Cloisons mobiles, papier de soie, intérieur d'un pétale de coquelicot. Nervures secrètes des courants. Je trouve les clefs dans l'entrée. Le métal contre ma paume, le poids de la chose concrète m'est soudain comme un réverbère en pleine nuit. Un halo, un repère à suivre. Au-dedans, je me retrouve, je reprend vie. Soudain, j'arpente frénétiquement les hectares de terre brûlée par le désastre, je m'avance, je m'active, j'ignore ce qui m'entoure. Je suis un grimpeur à la corde lisse ignorant le sol qui s'éloigne. Dessous, les ruines, le solde de tous les comptes émotionnels, tout se ligue, tout se noue. Les charpentes éventrées des toits, la bouche cariée des murs qui étaient des logis, les foyers mis à sac. Tout en moi se rassemble, s'ameute, s'agglutine et se resserre. Tout en moi s'agglomère.

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXMon cœur se revitraille. Quelques couleurs dans l'air me font cligner les yeux. La fraîcheur et l'encens, les petites flammes répandues, disposées chacune comme un îlot d'espoir. Je traverse le salon vers le murmure des discussions. Je franchis la porte-fenêtre et me retrouve aveuglé par l'astre solaire. Mes paupières parcourent à nouveau leur domaine, établissent un nouveau record du tour, puis ma pupille réduit sa voilure,

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXSans la regarder. Ne pas exposer mon regard au grand jour avant complète cicatrisation des chairs. La boursoufflure, la plaie ancienne, luisante et close sur la peau près du cœur comme une autoroute sur les cartes IGN, remontant des vacances.

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXJe dis :
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX_Il est déjà tard, je dois ramener Mamie.

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXUn oncle touche alors le bras de celle qui le fit naître. Qui le langea, songé-je… Mamie se déplace avec peine. Soulevant cette masse d'elle-même dont elle ne connait que trop les limites. A petit pas entrecoupés d'embrassades et d'accolades, elle me rejoint. Nous partons. Je me concentre sur l'ensemble des gestes nécessaires à la conduite du véhicule. J'embraye, je pousse du pied droit un carré de métal qui ouvre des trappes quelque part, je contrôle l'admission, la vitesse, la puissance contenue. Mon corps agit sur la réalité, je m'en tiens aux actes rassurants. Quelque chose que je maîtrise et qui me transporte existe vraiment. Dans mes rétroviseurs, je vois la route où nous étions disparaître en point de fuite. Par dessus le bitume, j'imagine une nuée sombre et mouvante de particules. Elle s'étire après nous. Des idées noires en meute, en essaim affamé, tentent de me poursuivre. J'accélère pour la distendre comptant sur le glissement de l'air le long des parois métalliques pour détacher une par une, les petites pattes griffues des insectes qui s'y accrochent. Je me déplace vers l'avant.

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXMamie ne dit rien dans l'habitacle. Je n'ai pas d'objection à opposer au silence. Nous entrons dans le parc de son institution. Grande maison bourgeoise de pierres jaunâtres, arbres plus âgés qu'eux tous, chaises égarées sur les pelouses. Je me gare, ouvre la portière en la poussant du genou gauche, pose le pied sur le gravier. Je m'étire, je respire, j'observe les environs comme si je venais de rouler des heures sous un soleil de plomb. Je sais qu'après, il me reste encore pas mal de route à faire…

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXJe regarde l'infirmière qui vient à notre rencontre. Elle attape Mamie par le bras comme un objet précieux. Brune ondulation de ses cheveux dans l'air. Battement des cils comme des portes qu'elle ouvre pour m'offrir un regard. Salle des Trésors du Sultan, pierreries, secrets des palais d'Orient, gobelet d'argent portés à mes lèvres, le froid métal à ma lippe. Dentelles des Ors pendus à son cou, parfums des fleurs de l'oranger, épices délicates à mon palais, ma langue comme une jachère poussiéreuse se met à désirer le goût du thé sucré. Transparence du liquide versé toujours plus haut. Courbe de la nuque en une dune au bord de l'oasis. Je déglutis. Une Princesse, encore…

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