...je suis condamné à n'avoir loi que la
mienne. Mille chemins y sont tracés qui conduisent vers toi, mais je ne peux suivre que mon chemin. Je suis un homme, Jupiter, et chaque homme doit inventer son chemin.
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Position : N.F. (1265 ; lat. positio, de ponere «poser») […] 4. Fig. (1755) Ensemble des circonstances diverses où l'on se trouve. Position critique, délicate, difficile, fausse. […]. Dictionnaire Le Petit Robert - 1991
Il y a beaucoup de Blancs qui entassent l'argent que d'autres ont fait pour eux, le portent dans un lieu sûr, le portent dans un lieu sûr où il est bien gardé, y apportent toujours plus jusqu'à ce qu'un jour ils n'aient plus besoin de travailler, car maintenant l'argent travaille pour eux. Je n'ai jamais bien compris comment c'était possible sans quelque terrible sorcellerie, mais en réalité, c'est ainsi, l'argent se multiplie comme les feuilles d'un arbre et l'homme s'enrichit même quand il dort. Et quand un homme a beaucoup d'argent, beaucoup plus que la plupart des hommes, tant que cent ou même mille hommes pourraient voir leur travail facilité avec cet argent, il ne leur donne rien : il entoure le métal rond de ses mains et s'assoit sur le papier pesant avec plaisir et convoitise dans les yeux. Et quand tu lui demandes : «Que veux-tu faire de ta grande quantité d'argent ? Sur cette terre, tu ne peux pas faire beaucoup plus que te vêtir et calmer ta faim et ta soif ?» Alors, il ne peut rien te répondre ou il dit : «J'ai l'intention d'amasser encore plus d'argent. Toujours plus. Et encore plus» et tu comprends vite que l'argent l'a rendu malade, que l'argent occupe toutes ses pensées. Il est malade et possédé, parce qu'il suspend son âme au métal rond et au papier pesant et ne peut jamais en avoir assez, ni s'arrêter d'en tirer à lui le plus possible. Il ne peut pas penser : Je veux m'en aller du monde sans torts et sans reproches, comme je suis venu, car le Grand-Esprit m'a envoyé sur terre sans le métal rond et le papier lourd. Un petit nombre de gens seulement pensent comme ça. La plupart restent dans leur maladie, leur coeur ne guérit plus jamais, mais ils sont heureux de la puissance que leur procure une grande quantité d'argent. […] Ainsi, il y a en Europe la moitié des gens qui doit beaucoup travailler et se salir, pendant que l'autre moitié travaille peu ou pas du tout. Une moitié n'a pas le temps de s'asseoir au soleil, l'autre en a beaucoup. Le Papalagui [le blanc] dit : «Les hommes ne pourraient pas avoir tous autant d'argent et s'asseoir ensemble au soleil.»
Extrait de : "Le Papalagui, les étonnant propos de Touiavii, chef de tribu, sur les hommes blancs"
Recueillis en 1915 par Eric Scheurmann à Samoa, publiés pour la première fois en Allemagne en 1920. Traduit en français en 1980. Traduit de l'allemand par Dominique Roudière pour les Editions Présence Images, 2001.